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 [Libre] A défaut d'être belle, elle est émouvante

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MessageSujet: [Libre] A défaut d'être belle, elle est émouvante   [Libre] A défaut d'être belle, elle est émouvante Icon_minitime1Dim 1 Jan - 18:56

[Libre] A défaut d'être belle, elle est émouvante Sans_t63

    L’herbe était bleue, le ciel était noir et les étoiles blanches. Il était tard, la nuit était bien avancée et les rues vidées. Les gens dormaient du sommeil du juste comme d’habitude à Gandis. Mais pas Pinocchio. Le cordonnier avait des horaires plutôt particuliers qu’il entretenait depuis des années. Il se couchait à quelques heures du matin et se levait vers midi. La nuit, on se demandait souvent ce qu’il pouvait bien faire. En réalité, ce n’est qu’une fois les Lunes passives levées, les Soleils tumultueux couchés et la vie active au repos qu’il travaillait le mieux. Plus aucune agitation ne se fait autour de lui ni dans le monde géant, ses chats dorment gentiment dans son lit, Bob sur le haut d’une étagère et la Nature même semblait vouloir prendre un peu de répit. Silencieuse, discrète, elle souriait en préparant ses feuilles pour le lendemain.
    Cette nuit était comme toutes les autres, Pinocchio devait travailler et AutreMonde le laisser à sa besogne. Mais ce soir il n’en avait pas particulièrement envie. Alors il s’était levé, avait éteint l’atelier et quitté l’endroit. Il avait jugé bon de ne pas réveiller Bob, il n’avait pas besoin de lui. Il ne savait pas trop ce qu’il allait faire dehors mais quoiqu’il arrive, il n’aurait pas besoin de l’escargot. Il aurait pu aller se coucher, combler pour une fois, une nuit totale de sommeil. Mais ça l’aurait fatigué plus qu’autre chose, son organisme s’était solidement ancré sur son mode de vie et ses heures.
    Alors il était sorti et maintenant il se baladait dans un Gandis endormi. Il ne pensait pas à grand-chose. C’était plutôt rare que l’esprit se pose ainsi, mais ça arrivait. Il regardait les édifices relativement grands pour lui, mais modestes pour les Géants. Il examinait certaines vitrines derrière leur rideau de fer. Parfois, il levait la tête jusqu’aux cieux et regardait les Lunes. La première était semblable à celle de la Terre, blanche et ronde, avec ses nuances grises comme si elle avait traversé une montagne de poussières. La seconde elle, était plus petite et avait des teintes vertes. Elle était légèrement déformée. Pinocchio pensa alors à Charlie. Mais il baissa rapidement la tête et revint aux ruelles. Il n’était pas du genre à regarder trop haut. Peut-être parce qu’il avait passé sa vie au ras du sol.

    Pinocchio arrivait dans un parc. L’herbe était bleu, le ciel était noir et les étoiles blanches. Il le connaissait bien, c’était la limite entre Géopole et sa banlieue. Après se déroulaient les tapis rouges et les rues pavées d’or.
    Les mains dans les poches, il fit plusieurs tours. Il y avait une mare aux canards, des ronds fleuris mais surtout, ce parc était une gigantesque étendue d’herbes. Les grandeurs étaient différentes chez les Géants. Alors que Pinocchio se trouvait dans un vallon où il n’y avait presque rien, au sommet de ce qu’on appellerait humainement une colline, se tenaient deux arbres. Le premier était grand et bien garni, et son tronc formait une courbe élégante vers l’avenir. Le second, tout proche, si proche que ce serait indécent, était minuscule. Peut-être n’avait-il pas même atteint l’âge adulte. Il était, disons-le simplement, assez laid. Son tronc était tordu et ses branches, si peu nombreuses, pendaient en un angle étrange. Curieusement, Pinocchio passa un long moment à regarder ce petit et vilain végétal.

    Sans qu’on ne le prévienne soudain, le petit arbre se mut avec une étonnante rapidité et agilité. Il se cambra et ouvrit grand les bras vers le ciel en ce qui semblerait être un cri silencieux de la vie. Intrigué, Pino s’était figé et avait même retenu sa respiration. Son cœur battant dans ses oreilles. On ne peut pas entendre son cœur battre. On peut le sentir battre.
    S’attendant à un autre geste, il fut déçu. Ou au contraire, plus attiré encore. L’arbre ne bougeait déjà plus. Arrêté dans son élan de liberté.
    Le cordonnier se risqua et s’approcha. Il était bien sûr évident que ce n’était pas un végétal. Il avait taille humaine, des membres et –enfin c’était ce qu’il croyait voir- une âme. Pino se résigna à contrecœur à s’avancer plus encore, de peur d’effrayer l’humain.
    Des rayons de lunes percèrent et vinrent éclairer enfin l’énigmatique personnage. Ses joues étaient creuses et son visage criblé de ride. Ses cheveux noirs et mi-longs hébergeaient pacifiquement quelques fleurs. La vieille femme portait une longue robe noire qui lui moulait tout le haut du corps et qui s’évasait au niveau des hanches. Une aura fragile mais d’une sensibilité évanouissante s’émanait de ce corps balloté par le temps qui l’avait autrefois chéri. Elle ne semblait plus avoir d’yeux, juste des trous noirs dans les orbites.
    Pino cru distinguer dans sa main une fleur délicate et minuscule.
    Pinocchio comprit alors ce qu’était ce qu’il regardait avec insistance depuis quelques temps maintenant. Il avait en face de lui une danseuse de butō. Cette danse pouvait être particulièrement longue et requérait une certaine patience, autant chez le spectateur que chez le danseur. Elle avait été inventée sur Terre, au Japon dans les années soixante et elle formait la rupture avec l’art vivant et traditionnel mondial. Elle remettait en question les idées esthétiques et conservatrices de l’art. Le butō est une danse particulière. Elle provoque, on n’a pas l’habitude de voir ce genre de représentation. Pinocchio avait eu une sensation plutôt désagréable en la voyant. Mais des années plus tard, alors qu’il avait dû retourner à New York pour des raisons administratives, au coin d’une rue, non loin d’un luxuriant taxi jaune et d’un Starbuck fumant, il avait vu un asiatique, certainement japonais, déguisé avec un collant affreux et blanc, danser le butō. C’était la deuxième fois qu’il voyait cet art. Il avait été plus réceptif. Les mouvements torturés, saccadés, parfois nets et arrêtés, avaient commencé à dessiner une figure plus émouvante. A défaut d’être belle, elle était –certes particulière- touchante.
    Il avait regardé avec curiosité l’homme faire pendant que d’autres new-yorkais lui lançaient des yeux lourds et mauvais. A partir du moment où on chamboule les mœurs, les gens n’apprécient pas. Pourtant Pinocchio avait souri et quand l’homme avait fini, il était allé lui serrer la main. Cet homme, grossièrement maquillé, avec dansé d’une manière si humble dans cet endroit présomptueux qu’étrangement, Pinocchio n’avait pas pu en être insensible.
    Il n’aimait pas plus le butō mais maintenant, il le comprenait.

    Assis dans son vallon, il regardait patiemment la vieille danseuse en souriant. Il soupira. Absorbé dans sa contemplation, il ne remarqua pas qu’on s’approchait d’une démarche feutrée derrière lui.
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Helena Iero
Helena Iero

Hear the sound, the angels come screaming.
ஒ Hear the sound, the angels come screaming.



Par Le Revelus :
Accréditation:
Moi et les autres Autremondiens:

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MessageSujet: Re: [Libre] A défaut d'être belle, elle est émouvante   [Libre] A défaut d'être belle, elle est émouvante Icon_minitime1Dim 22 Jan - 0:04

Elle ne s'était même pas demandé pourquoi cette envie soudaine. Elle avait obéi à sa pulsion, se levant de son lit en pleine nuit, l'air encore totalement lucide et maître d'elle-même. Nox était sorti chasser sa nourriture, et Helena n'en était pas incommodée. Elle préférait d'ailleurs être seule, ce soir. La présence de son familier aurait plus été une entrave qu'une aide. C'était l'heure de sortir. De retrouver le monde de la nuit. Cet univers était tellement ... paisible. Inaccessible, effrayant et impressionnant pour les êtres du jour. Pour Helena, c'était le repos que le monde lui devait. Supporter tous ces êtres abjects tout au long de la journée était bien souvent un supplice. Entre les clients en pleurs qui mettaient des heures à choisir le modèle le plus basique - et le moins onéreux - du magasin, ceux qui ne savaient pas se mettre d'accord en lui demandant son avis, avis auquel elle répondait pas un regard noir, elle n'échappait plus au tumulte de cette vie diurne. Leur monde était bruyant, et cette tranquillité trouvée la nuit tombée était parfaite. Le pur bonheur. Ravie, elle virevolta dans la rue éclairée par les lampadaires, qui dispensaient une lumière jaunâtre et réchauffante.

Elle avait l'impression de déambuler entre des grattes-ciel, leurs maisons gigantesques lui donnaient une impression de vertige. Elle était vaguement impressionnée, mais son visage restait impassible, parfois illuminé de quelques rictus sans émotions. Elle décida soudain de s'écarter des rues éclairées, et, les yeux levés vers le ciel, elle observa la voûte céleste. Elle put voir les étoiles, brillant doucement comme mille lampes discrètes mais scintillantes comme des soleils ... La beauté ne la frappait pas vraiment, d'habitude. Elle avait la notion de laideur incrustée dans la peau, et elle côtoyait si souvent ces extrêmes nommés beauté et horreur qu'elle n'y faisait guère plus attention.

Ce n'était pas vraiment son goût pour les choses sombres qui la faisait aimer la nuit. Ce qui la faisait aimer la nuit, c'était la fraîcheur de celle-ci, revigorante. Et l'absence de présence humaine, cette tranquillité en plein air et en plein milieu d'une ville. Et tout était différent, une fois plongée dans le noir. Elle ne voyait plus rien sous le même angle. Mais cette fois-ci, elle n'avait pas souhaité rester dans le centre-ville, pour voir ce que pouvait offrir un paysage sous la noirceur de la nuit ... Deux silhouettes, au loin.

Elle approcha, doucement. Ses pas se firent dansants, sans l'ombre d'une hésitation, elle tourna sur elle-même, se plongeant à son tour dans une transe étrange. Cette transe qu'était la danse ... Elle n'était plus Helena, l'effrayante croque-morts vampyr, elle était la danseuse de la nuit. Rien qu'en voyant l'homme produire cette danse étrange, l'envie de le suivre avait pulsé dans ses veines. Elle avait soudain eu besoin de danser. Ce n'était pas qu'une simple envie, c'était plus fort encore. Quelque chose d'imprenable, d'impossible à identifier. Une impression que c'était brutalement vital, cette façon de s'exprimer. Elle dansa.

Ignorant d'abord les deux hommes, elle finit par rouvrir les yeux, sortant de cette étrange transe. Elle pencha légèrement la tête sur le côté, comme intriguée par leur présence - alors que c'était bien elle qui s'était dirigée vers eux. Son air interrogatif était relativement grotesque, mais elle ne s'en souciait guère. Une seule phrase traversa ses lèvres.

« Vous êtes étranges. »

Ses canines proéminentes se découvrirent lorsqu'elle prononça ces paroles. Assez paradoxal, si on considère que ces quelques mots viennent d'être prononcés par la personne probablement la plus bizarre de son pays ...
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