Durant tout le chemin, Stan avait halluciné sur place en regardant les horloges à travers les vitrines d’horlogers. Il était midi trente quatre exactement. Il était un adepte du « petit-déjeuner en guise de repas du midi », parce que vive les réveils à onze et demi. Il devait se rendre à la salle des fêtes pour deux heures. Vous l’aurez compris, il avait près d’une heure d’avance, et ça, ça le choquait profondément dans le dedans de son corps. Pour patienter, il avait prit trois euros pour se prendre une demi dizaine de café/chocolat chaud ainsi qu’une console de jeu portable.
Une fois arrivé à la salle, il s’installa, dit vite fait bonjour aux gens qui comme lui étaient arrivés bien en avance puis il s’affala sur une chaise, pieds sur une autre chaise d’en face et sortit sa DS . Faith l’avait mit au défi d’attraper un requin sur Animal Crossing, donc il avait de quoi s’occuper. Après une demi heure de jeu, il passa par la case « café » et retourna à ses occupations (ne pas le prendre mal merci *Crève*) … Et remarqua qu’on avait fermé sa console.
Pour ceux qui ne connaissent pas le fait que quelqu’un quitte Animal Crossing sans sauvegarder, c’est certainement la situation la plus affreuse qu’un humain puisse ressentir. Stan hésita à rejouer, cherchant des yeux le responsable à ce crime odieux, puis rouvrit la console … Pour se faire engueuler par la taupe. The taupe. Pour tout ceux qui ont Animal Crossing et qui connaisse Mr. Resseti, ils peuvent comprendre à quel point on a envie d’avoir un marteau à taupes à ce moment là, et qu’on se souvient de ce doux jeu qu’on avait quand on était enfant, où il fait frapper des taupes avec une massue. Il continuait à frapper frénétiquement l’écran avec son stylet, en espérant que l’animal du jeu aurait peut – être peur de se prendre un coup de stylo virtuel, en vain. Désespéré, il s’avoua vaincu et continua à appuyer sur la touche « A » pour faire défiler le texte. Avec du Alice Cooper dans les oreilles, entendre un mec chanter « She’s perfect » et tout ce qui va avec alors qu’on a envie de tuer une taupe virtuelle, c’était certainement la situation la plus contradictoire qu’il n’avait jamais vu. D’un côté ça le faisait rire.


Puis il fut prit d’une illumination. Si il claquait violemment la console, l’autre allait – il arrêter de déblater ses reproches sur le bouton reset et la sauvegarde ? Dans un ultime espoir, il referma le clapet de la DS et redémarra le jeu … Il se fit engueuler non pas une fois, mais deux fois. Deux fois avec le même dialogue, les mêmes accusations, les mêmes comparaisons … Là, il avait envie de se claquer la tête contre le bureau. Au final, il avait la flemme d’attendre que son monologue était fini et éteint sa console. La remettant dans sa sacoche, il leva la tête pour regarder un peu la tronche de ses collègues. Il jeta un coup d’œil vers la table et concentra son attention sur un post it. Aujourd’hui apparemment c’était opération préparation de mariage. Hm hm … Le truc bien chiant à faire quoi.

« Stan ? Pause clopes ? »

Le concerné se retourna sur sa chaise à roulettes, la regardant.

« Peut – être qu’un jour tu comprendras que je fume pas …
- Toi ? Pas fumer ? Tu parles t’as une tête de fumeur et une voix de défoncé.
- Et alors ? T’as bien une gueule de poufiasse et pourtant t’es pas une p*te. » Grand silence.
« Bah … Pause clopes café ?
- Bon ok j’arrive »

Il se leva péniblement de sa chaise et posa son sac dans un coin du bureau, accompagnant sa collègue qui lui causait de sa voix agaçante. La voix suraigüe et hystérique. Dieu qu’il haïssait ça. Au final, l’éventualité qu’elle soit une fille de joie devenait de plus en plus crédible dans l’esprit du brun. Après cinq minutes de longues recherches pour trouver la salle de pause (salle avec machine à café, télé, balcon, bref le club Med), il alla se prendre un café et sauta dans un canapé. Parmi les têtes, il connaissait environ les trois quarts des gens, et comptait bien savoir au minimum le nom des autres. Il décida de commencer par la personne la plus proche, une petite blonde aux yeux bleus, l’air terriblement innocent … C’en était bizarre d’ailleurs. Il chercha sur ses vêtements un nom ou un numéro, peut – être que les nouvelles recrues avaient un badge, mais non rien.

« Salut ... Euh … T’es nouvelle non ? Je veux dire … On s’est jamais vu quoi. »

Il se passa les mains dans les cheveux, signe de gêne en buvant son café, se concentrant sur la télé qui diffusait une de ses émissions à la con avec des gamins sans talent particulier qui cherchait vainement un peu de reconnaissance ou de prestige. Ce genre d’émission qu’on regarde soi – disant « pour se foutre de la tronche des candidats ».

Spoiler:

Ce genre de titre c'est genre trop pratique quand on a pas d'idées, chut

Tandis que Quentin était toujours endormi alors qu’il devait voir sa chérie Vanessa qui sortait en fait avec son frère Michael et que Brandon était bourré dans une fête avec Miley, que son petit frère geekait devant Call of Duty et que Julia parlait de son désespoir face à la dérive de Vanessa, Stan commençait à avoir soif. Faut croire que les mauvais acteurs nous déshydrataient, et regarder une télé réalité parce qu’on s’ennuie, c’était une expérience ni enrichissante ni intelligente, autant dire que ça creusait le zéro de l’utilité. Son regard balaya le bureau, puis la table basse avant de regarder les mains des gens.

« Stanley Axl Dyson ? C'est toi ? »

Le concerné grimaça en entendant son prénom entier et leva les yeux vers la jeune femme. Aah … C’était elle qui avait son verre en fait … Il tendit la main pour le récupérer, le posant sur la table basse d’en face.

« Ouais c’est ça … »

Il fouilla des yeux sa chemise en espérant trouver un badge ou un truc qui pourrait en dire plus sur la jeune femme, au moins son nom quoi … Rien. A part une espèce de gommette qu’on leur collait au début pour savoir ce qu’ils étaient sensées faire. Stan en avait une rouge, c’était le montage de l’arche de mariage, soit la seule chose qu’il ne savait pas/ne voulait pas faire. Celle de la blonde était … Oh, tiens, rouge. Il chercha vite fait dans la salle des gens qui était chargé de l’arc aussi, mais au bout de dix gommettes vertes et bleues, il eut la flemme de se rapprocher de tout le monde pour voir de plus près leur fonction, puis aussi que … Entre nous … Il s’en fichait bien.

« Toi aussi tu bosses sur l’arche ? Tu sais à peu près comment ça marche ou … ? Perso j’en sais rien mais bon … Sinon tu t’appelles comment ? »

Il jeta un œil sur l’écran de la télé et vit Quentin s’en prendre une par Vanessa qui lui avoua qu’elle sortait en fait avec Michael. Ensuite Miley coucha avec Brandon et Julia hurlait sur le petit frère de Miley, qui venait de lâcher son ordinateur. Visiblement, dans leur ville isolée du reste du monde, les tensions se créaient. Durant un moment, Stan se demandait quelle était la véritable motivation de ces gens, si le fait d’être connu pour être les bouffons du coin ne les dérangeait pas, même en échange d’un gros chèque. Au fond, ils ne devaient pas avoir beaucoup d’estime pour vouloir se ridiculiser dans une émission du genre … Soupirant d’un air désespéré, il détourna son attention de l’écran pour regarder l’inconnue. Il prit son verre et but une gorgée d’eau tandis qu’une brune vint s’incruster à côté d’eux, pendue à son téléphone en parlant d’un air hystérique. Stan jeta un regard entendu à sa collègue et se leva, allant plus loin histoire d’échapper aux cris suraigus de l’autre furie. En marchant, il cherchait des choses à dire, parce qu’il haïssait le silence dans une conversation, il avait l’impression d’être un être asocial quand il faisait ça.

« Tu les connais les mariés ? Ou on t’a prit au pif comme moi ? Au fait, appelle moi Stan, ça me stresse comme pas possible quand on m’appelle Stanley, alors Stanley Axl c’est juste ignoble. Je te promet j’ai l’impression qu’on viole mon identité alors que ça devrait être l’inverse … Enfin ou pas … En fait je m’en fous. » Il se rendit compte qu’il se perdait totalement dans ce qu’il disait et se reprit. « Bref, appelle moi Stan, c’est plus court, c’est plus pratique … Sinon … On va voir l’arche ? Enfin, les trucs qu’on a pour la monter. A ce qui parait on est que trois pour la monter, et le troisième je le connais il vient une fois sur deux. Tu remarqueras que je parle beaucoup aussi, je supporte pas quand y a un blanc, j’ai l’impression qu’on m’oppresse et c’est supra flippant. »

Il se tut, arrivant dans la grande salle. Les bancs étaient déjà mis, quelques personnes mettaient les décorations en s’aidant de la magie. Les seuls sorts que Stan géraient à peu près étaient les faibles Transmitus, les sorts de lévitation ou bien les Réparus. Le reste …

« T’es forte en magie ? Au pire même si on est des billes pour monter une arche, on peut utiliser la magie. »

Il la regarda avec des yeux suppliants, si elle était aussi forte que lui, ils étaient bien partis.

Spoiler:

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Avec l’étonnement général, le clan des gommettes rouges réussit à monter un semblant d’arche. D’accord, elle était penchée, les rubans pendaient, les fleurs étaient mal accrochées, mais toutes les autres équipes avaient bénéficiés d’une personne particulièrement puissante en magie donc au fond, Stan était relativement content de ce qu’il avait fait, surtout qu’ils avaient hérités de la tâche la plus difficile, longue et pénible.
 
Un mariage au Lancovit avec un paon, on aurait pu prendre l’action de mauvais goût. Le brun se dit que c’était sûrement un familier d’un des futurs mariés, ce qui paraissait nettement plus logique politiquement parlant. Comme à tout mariage, tout le monde se goinfrait de nourritures et potins, la famille des mariés se retrouvaient et « Oh plus tu grandis plus tu ressembles à ta mère ! », bref, un mariage dans les normes pensait Stan. Pour l’instant, l’équipe organisatrice avait fait un travail convenable pour l’occasion. Tandis que le brun faisait son marché sur la table des trucs sucrés, l’ambiance changea de manière radicale et la musique « boum boum » se changea pour la musique traditionnelle des cérémonies. C’est ainsi que les mariés s’avancèrent vers l’arche, fiers et bien droits.
Et là, ce fut le drame.
 
Tandis que le brun finissait de se goinfrer de gâteaux, il eut un crac sonore et tous les regards se tournèrent vers l’arche qui venait de s’effondrer. Stan ne se sentait pas spécialement mal à l’aise pour l’instant, il était plus entre l’amusement et l’admiration. Personne ne cherchait les coupables mais ils fixaient le sol avec les débris d’un air consterné.
 
« … On fait quoi ? On s’en va discrètement avant de nous faire lyncher publiquement ? » souffla le jeune homme à Anastasia.
 
Il fit un pas en arrière histoire de s’éloigner de manière symbolique des mariés et des invités les plus intéressés, prenant une dernière confiserie au passage. En attendant, dans son esprit s’élaborait tout un plan pour accuser celle qui avait rejoint le clan des gommettes rouges, ou le chef des travaux finis pour son manque d’efficacité à la tâche (avec le peu qu’il avait à faire). Une chose était certaine, si Stan avait un réel talent, c’était pour embrouiller l’esprit des gens et de ramener la faute sur quelqu’un d’autre que lui par divers stratagèmes. Parce qu’après tout, cet accident n’était absolument pas de leur faute, c’était l’organisation qui avait été désastreuse, à mettre tous les sorceliers confirmés d’un côté et ceux à la masse de l’autre. Même si leurs supérieurs n’allaient certainement pas l’entendre de cette oreille, il se disait qu’après tout, c’était bien trop facile de lancer la faute sur eux parce qu’ils ne faisaient qu’obéir aux ordres.